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Loop, l’oopportunisme ou l’évolution des grandes marques ?
Cette semaine s’officialisait le lancement des activités de l’enseigne Loop (« boucle » en Anglais). Celle-ci propose la vente en ligne de produits alimentaires, de beauté et d’entretien en emballages consignés afin d’engendrer une production de déchets a minima.
Associé à Carrefour et s’appuyant sur les marques que les consommateurs ont l’habitude de trouver dans les allées des supermarchés (Evian, Coca-Cola, Lesieur, Milka, Nivea, Pampers, …), le service est actuellement en test sur la région parisienne. Il affiche d’ores et déjà un calendrier d’extension à l’international (États-Unis, Canada, Allemagne, Japon).
Dans le texte, Loop donne un peu le sentiment de réinventer l’eau chaude. S’il dénonce l’emballage et l’impact qu’il engendre, les explications se font discrètes sur la responsabilité des industriels et se concentrent, comme c’est trop souvent le cas, sur celle du consommateur.
Le site témoigne d’un travail aux côtés des « plus grandes marques, mais également […] des start-up petites entreprises, pour repenser leurs emballages et leur chaîne production » pour terminer par une interrogation que les consommateurs engagés soulèvent depuis bien des années « pourquoi posséder quelque chose comme un emballage lorsque ce qui nous intéresse est le produit à l’intérieur ? » .
S’il est légitime, du moins politiquement correct, de ménager la susceptibilité des groupes avec lesquels il s’agit de mener le projet (et d’engendrer des profits), il reste que ces entités se montrent très peu convaincantes dans leurs aspirations profondes. Il suffit de considérer le défaut d’une quelconque évolution depuis des années face à des alertes récurrentes sur les impacts du plastique notamment en terme d’environnement et de santé publique.
De même, la solution ici proposée par Loop implique de placer sa confiance dans une consommation de masse dont les effets sont dévastateurs bien au-delà de la question de l’emballage. Nous citerons Coca-Cola sur son usage des ressources en eau, Pampers sur les substances misent en oeuvre ou encore Danone pour n’avoir pas gardé en son sein Muriel Pénicaud et l’avoir refilée au gouvernement.
Sont également à considérer les conditions de production de ces produits. La majorité des industriels sont des acteurs majeurs de la mondialisation et participent à l’exploitation des ressources et main d’œuvres là où elles sont les moins chères. Ainsi, on peut légitimement s’interroger sur les coulisses d’un tel projet. Si le service met en avant le recourt à des flux de livraison existants afin de ne pas ajouter de pollution par l’intermédiaire d’un réseau qui viendrait s’ajouter à ceux déjà présents au niveau local, la question reste ouverte s’agissant des transports engendrés en amont des derniers kilomètres.
Au final, si Loop peut participer à la prise de conscience d’une nouvelle frange de consommateurs, la solution proposée représente un progrès qui nous apparaît anecdotique lorsque beaucoup d’associations et de scientifiques témoignent de l’urgence de revoir en profondeur nos habitudes de consommation. La communication, le niveau de prix ainsi que l’image adoptées par le groupe (cf. les emballages alu chics de certaines marques) témoignant plus d’un service tendance pour une clientèle relativement aisée que d’un service de bien commun soucieux d’inverser la vapeur.
Dans une telle démarche, il ne fait aucun doute que les industriels doivent occuper un rôle majeur or, il n’est rien dans cette initiative qui soit à la hauteur des enjeux tels qu’ils nous apparaissent.
Pour conclure, nous soulignerons l’invraisemblance écologique de rester collé à un modèle témoignant de tant d’incohérences. Face à une industrie responsable de dérives, d’insuffisances, d’exploitation et d’autres scandales sanitaires, encourager la consommation locale, privilégier des filières de proximité, des producteurs connus demeure l’investissement le plus pérenne, qu’il s’agisse de considérations écologique ou sociale en terme d’emploi ou de vie des territoires.
Marché, amap voire, lorsque cela est possible, une auto-production nous apparaissent des comportements autrement plus sensés et fiables afin d’encourager un modèle profondément favorable à l’Homme et à l’environnement.
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